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Chapelle Notre-Dame du Coignet 1496 Les Arnauds Bardonnèche sur la route du col de l'Echelle atelier des peintres Serra de Pinerolo. référence : Gabrielle Sentis, L'art en briançonnais, tome I, La peinture au XVè, p. 117-119
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Piéta Saint Grat, à gauche , tient la tête de Jean le Baptiste, à droite une visitation |
Dans le choeur on peut identifier deux différents cycles de peintures. Le premier présente dans un style archaïque et Populaire les Histoires de la Vierge (Visitation ; Dormition et Assomption). D’un artiste au style fort différent est le chef-d’oeuvre de la chapelle, une Descente de Croix couplée d’une Résurrection. La première est une véritable Piété occitane, où les personnages du Christ et de la Vierge se détachent merveilleusement sur un fond de collines désolées et la posture de Marie respire autant la souffrance aue la dignité. Le corps du Christ, dénué de tout détail réaliste, est simplement criblé de plaies, conformément à l’iconographie typique de l’Allemagne du Sud.
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Martyre de Sainte Agathe
Sainte Agathe qui, dans une scène cruellement réaliste, est torturée par ses bourreaux qui enserrent ses seins avec des cordes jusqu’à la faire mourir de douleur.
Saint
Grat qui brandit la tête de Jean le Baptiste,
Dormition de la vierge
Assomption
Christ de pitié
Jean Baptiste
Agathe
Visitation
L'intérieur de la chapelle est divisé par une grille de bois, une amusante glissière ouverte sur un coffre permettait aux fidèles d'apporter leurs offrandes en seigle. Le petit choeur est entièrement peint, trois maîtres différents y ont travaillé. Le premier est sans doute l'auteur du Jugement dernier de la chapelle Saint-Sixte, il a exécuté, à gauche, la mort de la Vierge, à droite son Assomption, une Résurrection du Christ, et saint Jean avec l'Agneau. Les couleurs sont vives, franches, le style simple et populaire. Plus raffiné nous apparaît le peintre qui décora le mur du fond. A gauche, une inscription en lettres gothiques nous donne la date AN 1496 en la fête de sainte Agathe, à droite, un écusson porte le treillis des Bardonnèche avec trois corbeaux de sable en chef. Le donateur pourrait donc appartenir à cette vieille famille féodale. Encore sur le mur de gauche, une scène à demi effacée relate le martyre de sainte Agathe, les bourreaux ressemblent, par leur joyeuse férocité, à ceux de Prelles. En pendant, à droite, une sainte Lucie présente des yeux, dans la meilleure tradition Briançonnaise. On peut lire au-dessus le nom d'un certain « Johannes Guy senior». C'est l'auteur des quatre scènes dont nous allons décrire les deux dernières. Une Piétà domine l'autel : en bas, et à gauche, voici la Visitation. Marie vêtue de rose et Elisabeth de jaune, se rencontrent devant une arcature gothique, dans un vestibule au sol en damier : l'influence apparaît ici plutôt siennoise. A droite, un évêque mitré, assis dans un fauteuil à haut dossier, est enveloppé d'une chape vieux rouge. Il tient une tête coupée sur ses genoux, sa main s'élève pour bénir. Ce pourrait être saint Rémy portant la tête de saint Denis qui est l'un des quatorze saints auxiliaires, invoqué contre les possessions démoniaques son cycle se trouve à la chapelle d'Auron (Alpes-Maritimes). Mais, à notre avis, c'est bien plutôt saint Grat, évêque d'Aoste, tenant le chef de saint Jean-Baptiste, qu'il fut chercher à Jérusalem sur ordre du Pape. Il protège les récoltes des insectes et des rats, son histoire nous est contée sur les murs de la chapelle de Vulmix, près de Bourg-Saint-Maurice en Tarentaise. Il apparaît aussi dans l'oratoire qui lui est consacré à Lucéram (Alpes-Maritimes).
La Pietà est d'un style plus sévère et très germanique, elle est signée : G. GUY pb (presbyter), sans doute un prêtre ou un religieux, parent de notre J. GUY. Le groupe se détache sur un paysage de désert ocré et une ligne de montagnes bleu sombre, comme le ciel; une petite clarté luit, seule, à l'horizon. La Vierge en robe rouge, est drapée, telle une religieuse, dans un grand manteau sombre, à droite, un petit donateur agenouillé tient une banderole écrite où il prie Notre-Dame d'intercéder pour lui, à l'heure de sa mort. Le Christ, étendu sur les genoux de sa Mère, tout sanglant et déjà cadavérique, ressemble aux Christs de Grünewald, le grand peintre germanique, on croirait voir, détaché (le la croix, le Christ du Künstmuseum de Bâle. Mais écoutons sainte Brigitte de Suède « Je le reçus sur mes genoux, tout livide et meurtri, ses yeux étaient morts et tout pleins de sang, sa bouche froide comme neige, sa barbe raide comme une corde... » .
Dans cette humble chapelle se continue la Passion du Christ, par la volonté du grand peintre que fut le prêtre Guy. Un drame silencieux s'y jouera toujours
« On trouvera la Mère et le Fils embrassés sur la même Croix... »"
(Jacopone de
TODI, XIIIème" *"Sur la façade peinte, on découvre une Annonciation d'influences italiennes et flamandes. La Vierge, debout devant son prie-Dieu où s'ouvre un Missel, se drape dans un manteau bleu ciel doublé d'hermine, en une salle dont la fenêtre s'ouvre sur des collines azurées. Le visage doux, à la Luini, trahit une influence lombarde, alors que l'ange et l'apparition de Dieu le Père relèvent du type nordique. A droite, se trouve un saint Antoine très effacé, et, à gauche, voici l'inévitable saint Christophe, dont on ne voit plus que le haut du corps. Il porte un vêtement ocré à dessins ton sur ton, l'Enfant apparaît en vol plané, et saisit déjà la chevelure du géant pour atterrir sur son épaule : c'est une variante de la scène traditionnelle.
Vierge de l'Annonciation Saint Christophe Références :
* Gabrielle Sentis, L'art en briançonnais, tome I, La peinture au XVè, p. 117-119
@ 2004 François Darbois
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