Les fresques intérieures furent réalisées au XV° par deux artistes aux personnalités fort différentes. Sur le fond de la chapelle sont placées les scènes du martyre du Saint, violentes et expressives, dont le style rappelle parfois le Mazzucco, surtout dans la partie où l’on voit le bourreau s’acharner sur le corps sans vie du Saint. Le contraste est saisissant avec les fresques du côté droit, oeuvre d’un artiste plus raffiné, qui réalisa ici en 1475 l’Annonciation et les Martyres de saint Sébastien et Saint Christophe. Le ton solennel, les mouvements retenus, les couleurs intenses et chaudes rappellent le langage flamand et une certaine peinture gothique.

Saint Christophe Au-dessous, nous apparaît le rituel saint Christophe : le bon géant est en train de passer l'eau, appuyé à un arbre déraciné. Sur son vêtement jaune se drape un manteau rouge doublé de blanc, il est barbu et chevelu, une écharpe blanche à motifs brodés se noue sur sa tête. Juché sur son épaule, l'Enfant porte une robe gris vert, un manteau orangé semble s'envoler de ses épaules pour auréoler sa tête. Il tient le globe surmonté de la croix, ainsi qu'une banderole écrite, l'autre main s'agrippe à la chevelure rousse du passeur. La composition est animée d'un grand souffle, par l'envol des draperies et la beauté du coloris.	Saint Sébastien transpercé de flèches Saint Sébastien est lié à un tronc d'arbre, et déjà tout percé des flèches que lui décochent ses bourreaux, celui de droite porte haut de chausses noir et veste rouge avec un bonnet à glands, il se sert d'un grand arc muni d'un vaste carquois, mais il a aussi une épée à la ceinture. Le bourreau de gauche porte un haut de chausses rouge ocré, avec une élégante veste jaune serrée à la taille : coiffé d'un feutre fantaisie, il épaule une arbalète dont le carquois gît à terre. Audessus plane la main de Dieu. L'ensemble, d'un dessin juste et précis, est également d'influence nordique.
Saint Christophe  Annonciation et martyre de Sébastien « Dame d'honneur par-dessus les étoiles, Exaltée ès très glorieusement, Tu es la Porte où passa le haut Roi, Porte dorée et toute lumineuse... » (P. GRINGOIRE, 1525).	Vie de Saint Sixte	Annonciation : la Vierge s'agenouille en une cathèdre de style flamboyant, son Missel ouvert devant elle. Elle porte une robe rouge, un manteau bleu sombre, où s'épandent ses cheveux blonds. L'ange Gabriel, agenouillé aussi, est blond en robe rouge, à grandes ailes, et tient à la main une banderole qui porte les paroles de la salutation angélique. Dans un nuage apparaît Dieu le Père bénissant, il envoie la colombe du Saint Esprit vers la Vierge : un lys s'épanouit dans un grand vase. C'est l'iconographie traditionnelle, parfois la colombe est remplacée par un minuscule enfant, comme nous l'avons vu aux Vigneaux. Les trois fleurs de lys symbolisent la Trinité, dit sainte Mechtilde de Magdebourg.  Véronèse lui-même, dans son Annonciation de la collection Thyssen à Lugano, n'osera pas s'affranchir de la tradition.

. Leur auteur serait venu du Nord par le col de l'Echelle et serait allé peindre, ensuite, une chapelle au col de Tende. Il travailla sans doute dans un atelier de Flandre ou de Bourgogne, son coloris chaud et éclatant, son style élégant, le prouvent. 

• Gabrielle Sentis, L'art en briançonnais, tome I, La peinture au XVè, p. 37 et 105-119

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